Des restes de voyages (Roma / Paris / Wien / Kerkyra / Venezia)

 Pour essayer le pastel10348468_10203955333143321_6513963282959759638_n

(je n’aimais pas cette technique, a priori)10334325_10203967693012310_8838032272994791601_n

j’ai tenté quelques paysages7581_10203967691212265_3848432082716700621_n  je les ai brouillé autant que possible 10314706_10203955330063244_5451126158112693022_n

c’est plus ou moins réussi10374934_10203932944463618_7371714153446779418_nmais cela m’a permis d’utiliser les dernières pages du grand carnet

(celui avec Langeais, Saché, Chambon-sur-Voueize, La Devinière, et autres maisons d’écrivains et Noirmoutiers dedans)

Pastels gras

Loran Bart en voyageur

Pendant des années, il a pris le train.

Souvent voyageur au moyen court

– Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours

– Paris-Austerlitz – Tours –

– Paris-Austerlitz – Tours –

Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours -,

parfois voyageur au long court, voyageur d’une ou deux fois mille kilomètres. Cela l’a rapproché des confins de l’Europe, toujours du côté Est : du côté de la Pologne, de la Grèce. Il n’était pas un aventurier, néanmoins il aimait voyager de façon chaotique, traverser les pays en regardant les paysages, vision latérale et défilante de l’Europe. Le paysage est un spectacle, une multitude d’instants de vies observées, rarement plus de quelques secondes, sauf arrêt prolongé en gare – par deux fois mémorables, il avait été arrêté en gare, en revenant de Cracovie, dans la petite gare champêtre de Bednary car « Lokomotiv kaput », comme avait dit la dame de wagon-nuit  ; et en revenant de Berlin, dans la gare de Chalons-en-Champagne, un train en amont étant en panne. – D’abord voyageur autour de sa chambre, dans les gares, il était à son aise, chez lui est ailleurs. Regarder plus loin, à travers le cliquetis des panneaux indiquant les au-delà de la ville tentaculaire, cela le fait rêver, l’imagination voyageuse – une fois qu’il était par hasard à la gare de l’Est à prendre des photos, les haut parleurs ont annoncé l’arrivée du train en provenance de Budapest. Il s’est précipité sur ledit quai et pris ces 3 photos

Après avoir observé les trains en partance, les voyageurs en revenance, il a fait, lui aussi, son voyage. Il a traversé l’Italie pour voir le pays et pour goûter les massepains de Bari. Il a dormi dans les gares, dans celle de Pise, dans celle de Florence, il a apprécié le mouvement, l’Être en route pendant un mois entier. Il s’est arrêté à Corfou, dans le port, assis sur le quai, les pieds ballants, face à la mer. – lors du retour, le ferry, chypriote, penchait généreusement vers le sud. Bien accroché à son sac de couchage, il passa la nuit sur le pont, devinant les contours de l’Albanie, masses sombres sur fond sombre –.

Après le voyage, comment revenir à la vie sédentaire, aux migrations pendulaires traversant la ville tentaculaire ? Il a essayé … pas longtemps … il est reparti … Il est allé à Cracovie, 24h de train, course pour attraper la correspondance en gare de Berlin, traversée de la Pologne, traverses ferroviaires.

Puis de nouveau Berlin, puis de nouveau Florence, puis de nouveau Berlin, puis de nouveau Florence.

Un jour la mécanique s’est cassée. Il s’est arrêté au bord d’un fleuve, l’horizon plat d’une région sans relief. Je me méfie des expéditions lointaines entreprises par des voyageurs incapables de faire le tour de leur chambre*. Ne prenant plus que le train pour aller ici-et-là, friandises de voyages, ébauches de cliquetis.

mai 2011

*trouvé dans Le Vagabond approximatif de George Picard

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Ce texte a fait l’objet d’un vase communicant en juin 2011 avec les Flâneries quotidiennes de Franck Queyraux

DES LIVRES ET DES LIEUX (Je me souviens à Cracovie)

Je me souviens être allé à la librairie polonaise du Boulevard Saint-Germain et avoir acheté Cracovie à vol d’oiseau de Sylvie Germain ; puis l’avoir lu dans le train menant à et dans la chambre d’hôtes de Cracovie.

ParisLibpol

Je me souviens avoir acheté, dans une petite librairie de la rue Grodzka, Le Chat du rabbin et Le petit Prince en polonais pour offrir à mon frère ; depuis il s’est marié avec une russe.

Krakow

Je me souviens, dans la libraire de la rue Grodzka, n’avoir pas acheté de petit atlas de poche en polonais et l’avoir longtemps regretté.

Krakow-Empik

Je me souviens avoir acheté à l’EMPIK -FNAC locale- du Rynek de Cracovie, un livre de poèmes en polonais avec des illustrations représentant des chats ; et regretté de n’avoir pas plutôt acheté un livre de Wisława Szymborska (quitte à n’y rien comprendre autant que ce soit un prix Nobel !)

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Et aussi :

Sur le site Nerval.fr,

retrouvez ‘20° Est 50° Nord (touriste à Cracovie)‘, le récit du voyage à Cracovie, avec traversée de l’Allemagne et de la Pologne en train.

un extrait :

Sur la place Nowy
Une fillette vend des chiots
Ici les sons résonnent très haut
Le soleil envahit
L’air doux et gracile
Mais autrefois hurlaient, énormes,
Les mâtins en sombres uniformes,
Poussant ces êtres fragiles
Ne sachant vers quel destin
Les mâtins les entraînaient
Suite à un obscur plaid.
Ici leur maison, leur cour, leur jardin
Et lorsque se ferme la porte du bar, sourde,
Elle résonne dans ma conscience, lourde.

De quelques autres remarques (1 – culturelles)

Les monuments ferment vers 15h. C’était l’horaire de sortie pour tous fut un temps. Alors les Polonais mangeaient vers 16h. Maintenant, c’est de moins en moins le cas, le privé s’alignant sur le 18h occidental.

En Pologne, les films étrangers sont doublés par un unique « lektor » qui ne fait que lire une traduction des dialogues sans mettre aucune intonation. Ainsi, une voix d’homme placide ou des cris de femme hystérique seront doublés de la même façon par le « lektor » monocorde.

Ville de Jean Paul II, Cracovie est un lieu de sortie privilégié pour les écoles religieuses. De fait, on voit une ribambelle de petites filles en robes-uniformes bleues encadrées par des religieuses en robes-uniformes bleues, foulard blanc en plus.

Le Thalys Köln-Paris Nord s’arrête à Aix-la-Chapelle. On aperçoit une chapelle depuis le train arrêté en gare, mais ce n’est pas LA chapelle.

Du saut des lieux

D’où j’écris

Dont je parle…

Une collègue me montre ce que fait un de nos petits plaisantins de clients : il cache les tirés à part de revues qui l’intéressent derrière les livres de droit aérien qui sont déjà bien rangé en hauteur (c’est spécifique et relativement peu demandé le droit aérien). Bon moi aussi j’ai fait ça à la bibliothèque universitaire, mais là on en a pléthore de TAP. Espiègle, la collègue me dit qu’elle les a déplacés à l’étage au-dessous (étage du droit maritime, guère moins spécifique !)…

Comme l’automne revient lentement [les arbres centenaires bruissent de plus en plus] deux visiteurs, peut-être belges, se meuvent discrètement au milieu des œuvres de Geneviève Besse. Du rouge, du bleu, de l’orange. Une porte claque et résonne de pièce en pièce. Avec septembre reviennent les retraités, principal fond de commerce de la maison hors saison, intéressés et souvent sympathiques. J’ai écrit un certain nombre de choses (égrenées ça et là ou pas) sur Balzac à Saché. Comme Jeanne me propose ce premier vendredi, je me souviens que j’ai aussi été libraire, un peu ; je ressors donc le carnet de souvenirs de ces années-là. J’y relève :

Il y a ceux qu’on appelle les vendredisiens. Ce sont les gens qui traînent le vendredi ; ils sont souvent un minimum bizarre, ils veulent causer, ils cherchent des livres introuvables, proposent des manuscrits (puisque la boutique fait aussi édition de droit international public), veulent faire expertiser leurs vieux Larousse.…

Je regrette de n’avoir pas tenté d’épuiser cette petite librairie du quartier latin comme j’épuise Saché aujourd’hui. Toujours un grincement de porte dans le bâtiment, des bruits de pas à l’étage, des escaliers qui couinent. Parfois une biche à l’orée des « arbres centenaires », parfois un écureuil dans la clim, parfois un essaim d’abeilles dans une cheminée. Quatre jeunes gens font des photos dans le parc ; l’horloge du vestibule tinte 11 heures. Je reprends le carnet à souvenirs :

C’est une librairie particulière, qui a de la gueule, ambiance fin XIXè, boiseries, fer forgé, poussière de plusieurs décennies. Les clients sont surtout versés dans les Relations Internationales : étudiants, haut-fonctionnaires, ministres, dictateurs au placard (une fois un ancien dictateur africain a demandé une doc de DIP pour voir comment récupérer le pouvoir dans son pays), spécialistes de la géopolitique à la TV… mais aussi des passants attiré par notre regard sur le monde.…

Aujourd’hui, je conseille et vends du Balzac : « Oui madame, une centaine de titres parmi lesquels vous trouverez bien quelque chose à votre goût. Par exemple si vous aimez la Bretagne, Liszt ou Georges Sand essayez Béatrix, si vous préférez le fantastique il y a la Peau de chagrin, pour l’alchimie c’est La Recherche de l’absolu, un truc léger et marrant : L’Illustre Gaudissart. Que sais-je encore… Le Chef-d’œuvre inconnu est une sorte de traité d’art qui se passe à la Renaissance. Ou si vous vous intéressez à la philosophie logique, Louis Lambert devrait vous plaire. Vous préférez peut-être quelque chose de plus policier ? je vous conseille Une Ténébreuse affaire. Vous voyez, il y a le choix.

Disons Jean Amadou qui entre ; avec la secrétaire nous chuchotons ; la chef forcément tout sourire que donne la notoriété l’aborde avec bagout.…

Disons Jean Daniel qui vient de visiter et qui promet (et tient promesse) un édito sur Zweig et Balzac.

« Tu peux fermer le rideau et après, vas-y, je finirai de fermer et de tout éteindre. » …

18h00. Clefs dans serrures. « Dis, tu sonnes la cloche et on remballe tout. »

Ce texte est repris du vase communicant de septembre 2009 avec Jeanne

Le jour où, grâce à Julien Gracq & Pierre Michon, j’ai rencontré Balzac en géographe

Il y a quelques années

encore l’époque des études de géo,

à l’Institut de la rue Saint-Jacques,

à Paris

comme Julien Gracq vient de mourir, on lui rend hommage.

forcément,

le plus grand géographe-écrivain

géographe dans son œuvre,

géographe institutionnel aussi

(grand avantage pour sa reconnaissance auprès de la discipline)

Perec met « espace » dans l’un de ses titres,

alors les géographes l’aiment bien, aussi.

Bref, le gratin de la géographie littéraire est là ; vague souvenir de 4 / ou / 5 intervenants installés en rang d’oignons derrière le long bureau en bois de l’inconfortable amphi Emmanuel de Martonne.

En face

250 personnes les fesses serrées

sur les étroits bancs en bois.

Ledit amphi est bondé :

effet Gracq ?

Dans le rang d’oignon, Jean Louis Tissier, LE géographe gracquien. A son côté, Pierre Michon.

Amphi bondé :

effet Michon ?

Je ne me souviens pas de grand chose, en fait.

Des quelques polycopiés

(ils sont aujourd’hui disposés dans le rayon Gracq de ma bibliothèque)

distribués avec extraits de romans et extraits d’articles scientifiques.

Institut de géo

géo institutionnelle

là où (notez les accents de la géo-graphie) se rencontrent

Gracq & Poirier

l’un & l’autre

puisque l’un ne va pas sans l’autre.

Ce qui s’est dit, j’ai dû le consigner sur quelques feuilles quadrillées.

note retrouvée : Paysage-histoire pour Gracq, la géographie apparaît à la faveur d’un événement historique / Le paysage est validé par l’histoire.

Ce qui s’est dit : aucun souvenir.

Si !

un !

[résonance anticipée]

(la cloche sonne midi à Saché,

je suis sur un banc, face au château

dans le brouillard qui ne se lève pas)

Balzac en scène géographique

Tissier, sûrement :  évocant (Les Chouans dans mon souvenir, mais après vérification, il s’agit plus probablement de Béatrix) Béatrix : le début du roman : un panoramique, dit-il, pour ouvrir le livre, une vue d’avion avant l’heure : Balzac aime prendre la hauteur de l’oiseau : puis cela se zoome jusqu’à l’intérieur d’une bâtisse.

[échos] Giono dit

« Balzac commence par te décrire la France. Dans la France il te décrit une province, dans une province il te décrit une vallée, dans la vallée il te décrit le château, dans le château il te décrit un escalier ; l’escalier arrive à un palier, sur le palier il y a des portes; il te décrit les portes, et puis après il te décrit une chambre, et on rentre dans la chambre et le roman est fini. »

Puis le pot, après. Envie de parler à Michon. Lui : entouré ; pas osé.

Je note donc : Paysage-histoire pour Gracq, la géographie apparaît à la faveur d’un événement historique / Le paysage est validé par l’histoire. Je note aussi : Il y a un travelling aéropanoramique dans Les Chouans (ou Béatrix ?) type de description inventée par Balzac).

Souvenirs (fragmentaires) du 20è arrondissement

20ème & 20ème / siècle & arrondissement.

On parcourait ce coin de Paris, par petits groupes, pour comprendre la ville ; pour élaborer nos projets. Déjà les livres : moi c’était une bibliothèque. Nous avions repéré cet emboîtement de rues, de rues et d’impasses, surtout … Savart – Rançon – des Vignoles … Ça a sûrement bien changé, gentrification parisienne probablement. Faudrait retourner voir. Je regarde sur street view mais la voiture google ne va pas dans les impasses. Toujours est-il qu’à l’époque, on y trouvait des tas de choses dans ces impasses : des portes d’anciens lavoirs, des graffitis, des fils à linge et des mains géantes aussi, si si !