Archives de Catégorie: Auto-géo-graphie-s
&Rabelais
Envoyé à La Devinière pour suivre un atelier d’écriture, je me suis retrouvé obligé d’écrire. Le site, sa configuration particulière, sa situation et ses bruits alentours (que l’on pourrait définir comme la situation sonore du lieu) se sont imposés à moi. Ce petit texte qui en a résulté vient augmenter mon projet d’AUTO-GÉO-GRAPHIE-S.
Le fond sonore est indiqué en italique : ce qui est calé à gauche est ce que j’entends sur ma gauche ; ce qui est écrit au milieu est ce que j’entends derrière moi ; ce qui est calé à droite est que j’entends sur ma droite… Tout cela est bien entendu relatif à ma position (qui varie) dans le site… Lire la suite
Via & vers (livrel avec Mathilde Roux et Rémi Froger)
Via & vers paraît
une trentaine de photos qui invitent au voyage,
écheveaux de directions,
des textes entremêlés autour des photos
des déviations
un film
une bande son
et un hors texte de Rémi Froger
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Gorges de Toulgoulic, côtes d’Armor (extrait 3)
Il y a là,
sous les mousses et les feuillages,
des chaos
remontés
des failles du temps
et sur lesquels sautent les promeneurs.
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Quelques poèmes des années géographie. Anciens ; plus lyriques, paraît-il. Quelques étapes :
Bretagne, Corse, Beauce, Brindisi, Tunisie, Bologne… ; mer, montagne, ville…
Les pieds dans le varech, / l’esprit en balade, / l’étendue s’ouvrant au monde, / obstination infinie / du vent qui souffle.
LES PIEDS DANS LE VARECH (extrait 2)
OUVERTURE
CABOURG – Je courais après la marée fuyante.CORSE – Rattrapé l’île, en miniature de bureau.NEW-YORK – Le vent des immigrants, le vent en quarantaine sur l’île de la liberté.LE CROISIC – Pierre à pierre, pas à pas, sur la jetée infinie.BRIGTHON – Sur un muret, mini digue de plage, entre 2 grains : frites
Quelques poèmes des années géographie. Anciens ; plus lyriques, paraît-il. Quelques étapes :
Bretagne, Corse, Beauce, Brindisi, Tunisie, Bologne… ; mer, montagne, ville…
Les pieds dans le varech, / l’esprit en balade, / l’étendue s’ouvrant au monde, / obstination infinie / du vent qui souffle.
LES PIEDS DANS LE VARECH (ebook)
PRÉSENTATION
Tout voyage. Les gens & l’imagination. On a des outils, la modernité avec nous. On a des outils pour être voyagé.
Parfois je prends mon sac, parfois j’écoute, parfois je regarde les cartes, les photographies satellites et les vues des rues sur le computer.
Les outils de la modernité, c’est bien, on va partout, on voit tout, on croit qu’on voit tout, que le monde est fini. Mais en fait non ; les 4 autres sens frustrés. J’ai tout vu, j’ai rien vu.
Et puis d’autres fois on écrit un texte à partir d’une photographie. Associés, indissociables textes & image. Et puis un jour on enlève la photographie, on garde le texte, tout seul. TEXTE POUR PHOTO ABSENTE.
Pour le reste, carnet de notes & petites attentions au monde autour. Le monde ordinaire.
N. G.
14/12/2013
Quelques poèmes des années géographie. Anciens ; plus lyriques, paraît-il. Quelques étapes : Bretagne, Corse, Beauce, Brindisi, Tunisie, Bologne… ; mer, montagne, ville…
Les pieds dans le varech, / l’esprit en balade, / l’étendue s’ouvrant au monde, / obstination infinie / du vent qui souffle.
Dans le détail de la géologie armoricaine
Loran Bart en voyageur
Pendant des années, il a pris le train.
Souvent voyageur au moyen court
– Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours
– Paris-Austerlitz – Tours –
– Paris-Austerlitz – Tours –
Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours – Paris-Austerlitz – Tours -,
parfois voyageur au long court, voyageur d’une ou deux fois mille kilomètres. Cela l’a rapproché des confins de l’Europe, toujours du côté Est : du côté de la Pologne, de la Grèce. Il n’était pas un aventurier, néanmoins il aimait voyager de façon chaotique, traverser les pays en regardant les paysages, vision latérale et défilante de l’Europe. Le paysage est un spectacle, une multitude d’instants de vies observées, rarement plus de quelques secondes, sauf arrêt prolongé en gare – par deux fois mémorables, il avait été arrêté en gare, en revenant de Cracovie, dans la petite gare champêtre de Bednary car « Lokomotiv kaput », comme avait dit la dame de wagon-nuit ; et en revenant de Berlin, dans la gare de Chalons-en-Champagne, un train en amont étant en panne. – D’abord voyageur autour de sa chambre, dans les gares, il était à son aise, chez lui est ailleurs. Regarder plus loin, à travers le cliquetis des panneaux indiquant les au-delà de la ville tentaculaire, cela le fait rêver, l’imagination voyageuse – une fois qu’il était par hasard à la gare de l’Est à prendre des photos, les haut parleurs ont annoncé l’arrivée du train en provenance de Budapest. Il s’est précipité sur ledit quai et pris ces 3 photos
Après avoir observé les trains en partance, les voyageurs en revenance, il a fait, lui aussi, son voyage. Il a traversé l’Italie pour voir le pays et pour goûter les massepains de Bari. Il a dormi dans les gares, dans celle de Pise, dans celle de Florence, il a apprécié le mouvement, l’Être en route pendant un mois entier. Il s’est arrêté à Corfou, dans le port, assis sur le quai, les pieds ballants, face à la mer. – lors du retour, le ferry, chypriote, penchait généreusement vers le sud. Bien accroché à son sac de couchage, il passa la nuit sur le pont, devinant les contours de l’Albanie, masses sombres sur fond sombre –.
Après le voyage, comment revenir à la vie sédentaire, aux migrations pendulaires traversant la ville tentaculaire ? Il a essayé … pas longtemps … il est reparti … Il est allé à Cracovie, 24h de train, course pour attraper la correspondance en gare de Berlin, traversée de la Pologne, traverses ferroviaires.
Puis de nouveau Berlin, puis de nouveau Florence, puis de nouveau Berlin, puis de nouveau Florence.
Un jour la mécanique s’est cassée. Il s’est arrêté au bord d’un fleuve, l’horizon plat d’une région sans relief. – Je me méfie des expéditions lointaines entreprises par des voyageurs incapables de faire le tour de leur chambre* –. Ne prenant plus que le train pour aller ici-et-là, friandises de voyages, ébauches de cliquetis.
mai 2011
*trouvé dans Le Vagabond approximatif de George Picard
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Ce texte a fait l’objet d’un vase communicant en juin 2011 avec les Flâneries quotidiennes de Franck Queyraux
MIGRATIONS PENDULAIRES
Aller
Retour
Rembobine la suite paysagère précédente, de 16h12 à 16h35 ou de 17h37 à 18h (donc de nuit).
LE TRAIN DES JOURS DE GILLES ORTLIEB.
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Ce texte est issu d’un vase communicant déposé là à l’époque.
Voir la variation d’Emmanuel par ici : Variations botaniques sur le trajet TER Langeais-Tours
Textes pour photographies absentes
A.10. Ce n’est ni l’Autoroute du Sud, ni l’Autoroute du Soleil, ni l’Autoroute des estuaires. C’est laconiquement l’A.10. Elle doit bien avoir un nom qualificatif que j’ignore. Pour moi elle va de Paris à Tours. Puis, quelques jours plus tard, de Tours à Paris.
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C’est un soir, je me retrouve sur la grève. Je ne me souviens pas vraiment de l’époque. Il ne faisait ni chaud, ni froid, on devait être à mi-saison. Pas de touristes, juste le silence du bruit des vagues et des galets qui s’entrechoquent.
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Extérieur nuit, il neige. Une vue d’ensemble, la rue est blanche et déserte. Photographe solitaire, je choisis une partie, je cadre. Je zoom, recadre et prends une seconde photo.
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Fin de soirée, début de nuit, une heure où on va se coucher. Dans le port de Corfou, je me morfonds. De temps à autre, quelqu’un vient voir s’il aperçoit le ferry arriver. Pour l’instant, je ne fait rien, fatigué, j’attend le bateau de nuit
pour Brindisi.
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Gare de l’Est, Paris. Le speaker annonce l’arrivée du train en provenance de Budapest. Je suis au bout du quai, au niveau du premier wagon. Les voyageurs descendent. Flux et reflux, je me laisse envelopper par cette foule insolite. Je prends trois photos de ces passants. Ça doit être joli la Hongrie.
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La Poste est encore au village. Rarement de queue, le postier est aussi le maire et n’a que la rue à traverser pour passer d’une fonction à l’autre.
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Nocturnes. Un jour on passe par là. Qu’en est-il du Monde ? Des gens et des murs autour…
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« Sortie de véhicules, ne pas stationner merci ». La rouille envahit la ville. Dans une petite rue d’une petite ville de province, un coup d’œil sur la droite, l’instant saisi.
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Sur une route de campagne on va. Reliant deux lieux. On traverse un village et là, la voiture EDF-GDF prit à gauche.
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Une balafre dans le paysage. Une traînée coupe en deux la forêt, les terres ocres sont mises à nu par les ouvriers. L’A.85 est en construction dans la région de Saint-Julien de Chédon.
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Direction Vierzon – un jour on prend le train. Dans l’attente, on se tourne et se retourne, et on se dit : tiens pourquoi pas ça. Alors on fait passer l’anodin au rang de photographie. Ainsi on en révèle l’existence. « Direction Vierzon » et l’ombre circulaire prennent une épaisseur historique.
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D’usines de bourgs (Dessiner force à regarder)
Face à l’église de Chambon-sur-Voueize, dans la Creuse, je reprends mes griffonnages des semaines passées.
On s’y prend à l’avance, avec Jérôme.
Presqu’1 mois !
On se met d’accord pour un dessin ; je propose une approche en BD, je ne sais pas si je vais tenir, je ne suis pas doué pour dessiner les personnages.
Via Facebook, Jérôme propose le thème de la destruction. J’embraye.
Ma première idée va vers une maison en destruction, celle près de la voie ferrée.
Est-elle abandonnée ? ou pas ?
D’un côté il semble que non,
de l’autre on dirait que oui.
Elle ne me satisfait pas, cette maison, même en couleurs
Trop rigide. Seul le détail du pont est à sauver
2 jours plus tard,
Illumination ! : l’usine désaffectée de mes migrations pendulaires, à Azay-le-Rideau. Je m’y arrête un soir, après Balzac, et tente l’aquarelle. Voilà la palette des couleurs de l’usine :
Et voici le résultat :
Une autre usine me fait hésiter, une vraie, c-à-d. avec sa cheminée en briques rouges. Je m’arrête pour la prendre en photo (c’est avec vue sur l’église aux deux clochers de Chambon, à 3h de route de là, que je fais l’aquarelle d’après la sus-dite photo)
Elle est plus près du bourg aux deux châteaux, mais pas désaffectée.
Lendemain,
je m’arrête de nouveau sur le grand parking de l’usine d’Azay (qui sert aujourd’hui pour les bus au repos de Fil Vert et autres). Je zoome sur la porte.
En repartant, je remarque une maison (de contremaître ?) coincée entre deux morceaux de l’usine.
Dessiner force à regarder.
Dans la maisonnette accrochée sur le flanc des contreforts du Massif Central, elle me dit que oui, cette chute est un peu moraliste.
Je jette un œil sur le panorama, vers Evaux qu’on doit presque voir à 5km sur la gauche.
Je décide de garder ma chute.
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Cet ensemble est issu d’un vase communicant avec Jérôme Wurtz mis en ligne au début par là : http://aquelquepasdelusine.blogspot.fr/
Pièces / Pezzi (11)
Là, le grand Là, Là majeur. Ce Là qui les travaille depuis le début, depuis le grand escalier, celui droit, d’escalier. « Les appartements de monsieur Balzac sont à l’étage ? » demande la bourgeoise qui pense tout en grand ? « La chambre de Balzac, c’est par où ? » demandent les gens moins bourgeois. Les appartements sont en réalité une petite chambre où un instant après y être entré ils font silence. Leur regard saute du bureau au fauteuil, du fauteuil au lit, du lit au bureau ; « il s’est assis là Balzac ! » « C’est là qu’il a dormi ! Ils n’étaient pas grands à l’époque ! ». Et personne ne pense à la commode moulurée aux poignées dorées oxydées à la cire pimpante sur laquelle ils s’appuient fatigués de leur visite qui se finit ; pas plus que le lit et le fauteuil, plus que le bureau : peut-être qu’elle y était aussi, cette commode, dans cette chambre à l’époque de Balzac.
Pièces / Pezzi (10)
Ils sont toujours contents de voir pour de vrai la tête de l’écrivain; Pas tellement beau qu’il est, pour ça non, ils sont d’accord. Ils comparent, leurs têtes rotant vers la droite, avec le tableau qu’ils viennent de découvrir – un tableau de commande où Balzac est plus beau qu’en vrai, bien sûrement – ; puis leurs têtes font le chemin inverse, gardant le visage peint en mémoire, rotant à gauche, cette fois-ci, pour revenir au daguerréotype. « Ah ça non, il n’était pas beau, vraiment pas beau ».
Pièces / Pezzi (9)
« Oulala ! » est l’exclamation des personnes âgées. « Tenez-vous à la rampe » est le conseil des parents aux enfants les plus jeunes. « Faites attention aux marches, elles sont irrégulières et datent du XVè siècle » est la recommandation du guide à son groupe. Les plus nostalgiques de Balzac se disent et s’émeuvent que le gros écrivain ait foulé ces marches, qu’il ait contribué à les user, qu’il ait – peut-être, pourquoi pas, tout est imaginable – laissé tomber une goutte de café ici ou là dans l’empressement de la descente ; une goutte de café qui aurait été encadrée et que le guide aurait pu montrer : « Ici la goutte de café qu’il … »
(L’escalier en vis)
Pièces / Pezzi (8)
Ils hésitent un peu, effrayés par la sombritude de la petite pièce, sûrement. Puis ils se lancent – la lumière s’allume automatiquement grâce au détecteur de mouvements, la pièce se dévoile -, se tassent s’ils sont nombreux et rapidement très rapidement ils sont happés par les placards & manuscrits exposés ; placards & manuscrits propices aux « Ahhh !!! », aux « Ohhh !!! », aux « eh béhhh !!! » et au running « dommage qu’il n’avait pas word à l’époque ! ». Rassasiés d’explications et de tohu-bohu de lignes et de renvois ils poursuivent leur visite avec la pièce suivante, ces feuilles typographiées & encrées & corrigées à la plume, bien ancrées, sûrement, dans leur mémoire.
(Le cabinet des manuscrits)
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