Une main dans le paysage

A là recherche des finisterres, du bout des routes sur google maps et street view, j’explore le nord du Canada, j’y trouve des petits morceaux d’itinéraires et me demande pourquoi si court (l’itinéraire) et comment la google car a pu passer là.CaptureL’ombre trahit : la google car est à dos d’homme, accompagné d’un pote. Deux randonneurs escaladeurs qui profitent du paysage.

 

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Choses&autres

Lu Les Choses de Pérec. « La tension était trop forte en ce monde qui promettait tant, qui ne donnait rien.« . Ne pensais pas au début, mais finalement y’a matière à faire un billet géo sur Les Lignes du monde. Lu aussi La Place d’Annie Ernaux ; pleuré presque. « J’ai glissé dans cette moitié du monde pour laquelle l’autre n’est qu’un décor. » Et du coup, envie de continuer, pris Passion simple à la bibliothèque du bourg aux 2 châteaux. Et puis lu aussi Paludes de Gide « J’arrange les faits de façon à les rendre plus conformes à la vérité que dans la réalité« . Et dans la voiture, écouté Soie de Baricco ; les pistes dans le désordre peut-être (facétie de l’auto-radio) mais entendu tout le texte, certains passages même 2 fois. A l’époque, le monde pas rond, visiblement : — Et il est où, exactement, ce Japon ? / Baldabiou leva sa canne de jonc en l’air et la pointa par-delà les toits de Saint-Auguste. / — Par là, toujours tout droit. Dit-il. / — Jusqu’à la fin du monde. Et sa fin : — Elle est comment la fin du monde ? lui demanda Baldabiou. /— Invisible. Du coup, pris les nouvelles de Maupassant pour écouter dans les migrations pendulaires. 1 nouvelle par piste comme ça pas de crainte du désordre. Commencé Mercier et Camier (Beckett), mais abandonné avant le 4è rdv manqué du départ. Du coup, passé au Sullivan de Tanguy Viel.

Et, par tranches d’1/2 h (le film dure 2h30), un peu comme on lit un livre dense, un fragment chaque jour, regardé Au fil du temps de Wim Wenders.

Choses&autres

Lu S’écrire, Mode d’emploi de Chloé Delaume (parce que top secret) et découvert son univers et ce qu’il y a derrière. Sombre & esthétique. Enchaîné aussi des petits livrels. Mathilde Roux (J’ai l’amourJ’ai l’amour par monts et peut-être par vous, […] J’ai l’amour toutes directions. J’ai l’amour ad hoc, il fallait s’y attendre, j’ai l’amour je l’ai bien cherché. […] J’ai l’amour quel bordel […] Jailamour. Précisez votre position de départ. Jailamour n’est pas forcément où vous croyez, n’est pas très clairement indiqué sur la carte, serait 13 milles plus à l’est latitude déduite de cent vingt-six distances zénithales du soleil et de diverses étoiles observées dans le cours de la campagne. […] Jailamour. Avancez jusqu’au carrefour, prenez légèrement sur vous, continuez jusqu’à ne plus pouvoir. […] – m’a fait pensé à l’écriture directe de Claude Favre et du magnifique Mardi à Monoprix de d’Emmanuel Darley. Et Fuji San, de Jacques Roubaud, texte téléchargé il y a longtemps (il faut laisser mûrir les textes) et maintenant disparu de la plateforme Publie.net. lui posant des questions sur la Voie de Poésie. Il voulait composer un poème sur le Mont Fuji. Mais il ne savait comment s’y prendre. ‘Faut-il dire comme ci ? ’ : ‘non’, répondait Tameie. ‘Fautil dire comme ça ?’ – non – A la fin, Tameie lui dit : « C’est simple. Il suffit de décrire les choses comme elles sont » L’évêque médita cette réponse et, à quelque temps de là, apporta à Tameie son poème sur le Fuji.
*
le pic du Fuji

est toujours
le même : de ce
côté-ci comme
de ce côté-là. ah !
anataomote mo, konataomote mo

Et puis lu la Féerie Générale d’Emmanuelle Pireyre. Entré dedans sur la pointe des pieds, j’en sors les sabots pleins et l’envie de lire Comment faire disparaître la terre ?. Y ai trouvé ceci de drôle : Que peindre ?, question centrale pour beaucoup de peintres d’un bout à l’autre du 20e siècle, qui, s’interrogeant sur leur pratique, regardaient par la fenêtre la beauté du dehors, puis regardaient dans la maison la beauté du dedans, et hésitaient : dehors, dedans, dehors, dedans, dehors, et finissaient parfois par peindre la fenêtre. Et cela à méditer Mais visiteur, quand même, c’est rude, visiteur est le rôle le moins gratifiant de l’organisation muséale. Le visiteur est censé s’intéresser à des trucs sans les toucher, il se penche gentiment pour lire les cartels, reste toujours bien poli, alors qu’il a constamment un gardien sur le dos vérifiant qu’il ne touche à rien. Bien sûr, comme la géo est dedans aussi, j’en fait un billet .

Sinon, l’atelier écriture-poterie s’est bien passé, merci. Les petits ont (d’)écrit leur personnage, puis l’ont modelé. De la poterie ‘gros pif’ comme il y a de la BD dessin ‘gros nez’.

Et repris les vieilles chansons, pour les arranger sur les bon conseils, d’accords enrichis.

Choses&autres

Lu Sebald & Calvino : Les Anneaux de Saturne & Si par une nuit d’hiver un voyageur. Découverte pour Sebald, depuis le temps que je le vois passer ou sur les tables de mon libraire. J’ai pris quelques notes géographiques pour les poser sur mes Lignes du monde à l’occasion. Suivi l’auteur dans le Suffolk, pour la balade & Orfordness, surtout ; moins pour les digressions, mais parfois elle nous rattrapent & accrochent, les digressions. Un peu pareil pour le Calvino. Déjà commencé il y a presque 15 ans, pas le souvenir de l’avoir fini à l’époque. Repris là, bienfaits de la surveillance au musée : temps de concentration potentiel (pas la petite Sécotine qui saute dans tous les sens) parce que histoires et personnages multiples & entrelacé(e)s. Un peu comme à l’époque 15 anni fa : tendance à sauter les histoires-romans sans fins pour ne me consacrer qu’à l’histoire principale ; mais parfois elle nous rattrapent & accrochent les histoires-romans sans fins.

Découverte de Rémi Froger et ses petites proses grâce à Mathilde. Corrigé les miscellanées géo et Via-&-vers.

Repris la guitare (1 anno senza scrivere nessuna canzone) ; trouvé une descente d’accord à fignoler, genre Fa#m-Lab7-Sim7-Sol-Fa#-Ré-Sim-La. Certaines positions (Lab7-Sim7) blues, rythme pseudo bossa. Tentative d’y mettre une basse aussi, mais non convaincante. Et puis 3 vers pour la route, à essayer d’y caler : Parfois je voyage seul / les marges en tête / les nuages en fête. Trouver la suite donc.

Maintenant préparer l’atelier écriture-poterie.

Butor/Balzac—cazlaB\rotuB

Mon imprimante n’aime pas Michel Butor, encore moins s’il est mélangé avec Balzac. La bougresse ! on ne va pas s’entendre tous les deux.

ESPACE et POÉSIE (ou comment j’en suis arrivé à ce blog)

Il y a un petit texte, je ne sais pas s’il est bon, que j’aime bien. Le premier que j’ai écris sur les relations entre géographie et littérature,  il est issu de la présentation d’un mémoire sur le récit de voyage en Italie rédigé il y a quelques années. Je ne sais pas s’il est bon ce texte, j’étais jeune à l’époque, lorsque je l’ai déposé sur la revue culturelle en ligne Culture a confine. Mais il y draine pas mal, donc je le remet par là. Et je garde le petit visuel -Italie Florence cartes anciennes Berlin-, vue du panneau en liège devant mon bureau d’alors, de Pantin.  Je ne suis pas  (plus) forcément d’accord avec tout,(le fond et la forme, parfois grandiloquente), avec cet ancien moi-même, mais je ne retouche rien, ça peut toujours nourrir une réflexion, une contradiction. Voilà ce texte de commencement :

 


“En poète l'homme habite sur cette terre” (F. Hölderlin)

Que voulait dire par là Hölderlin ? Que l’homme a une sensibilité qui lui permet d’habiter en poète sur cette terre ? Mais tous les hommes ne possèdent-ils pas une sensibilité qui leur permet d’avoir une relation poétique avec la terre ? L’homme qui a une l’imagination poétique peut appréhender l’habitat d’une telle façon mais, en admettant que chacun ait une imagination poétique, pour beaucoup c’est une dimension qu’il reste à découvrir, à sortir du fond de leur être. Toujours est-il que la poésie est en relation étroite avec l’espace et donc par enchaînement, avec l’habitat qui est la première et pour ainsi dire la plus proche (la plus quotidienne) expérience de l’homme à l’espace. En effet, cet habitat est à la fois mère protectrice (l’enveloppe qui rassure) et esprit créateur puisque c’est le seul lieu où l’individu a (presque) toute liberté d’aménagement. Cela nous ramène à une définition de la poétique trouvée chez Kenneth White pour qui la poétique est la manière essentielle de composer le monde.
La question que l’on peut se poser est : comment l’espace poétique (qui est à l’intérieur de tout être) crée-t-il de l’espace physique ? Comment cet espace poétique peut-il influencer l’homme dans sa relation avec l’espace physique ?

On peut faire ressortir deux principaux types de relations entre la poésie et l’espace. Tout d’abord, considérons que la poésie se situe en amont de l’habitat humain. Cette poésie regroupe donc des outils tels que l’imaginaire collectif, les mythes, les légendes et les mystères de la Terre. Bien sûr, c’est l’homme qui a inventé ces “histoires”, mais ce qui paraît intéressant c’est de voir comment aujourd’hui ces “histoires” influencent l’homme dans son rapport à l’espace. On peut illustrer cela par l’exemple de la peur ancestrale qu’ont les japonais de la forêt et qui s’explique par le fait que, selon les récits traditionnels, la forêt est le lieu de villégiature des démons et des esprits. On pourrait trouver beaucoup d’autres exemples à travers le monde. Ainsi, l’homme habite en partie le monde à travers des narrations séculaires.

Seconde idée, on considère la poésie comme résultant de l’expérience de l’habitat. Il s’agit ici de voir quelle interprétation du monde propose le poète. Il propose le résultat de son action d’habitant, de ce qui le touche dans les harmonies et les non-harmonies que lui et ses semblables entretiennent avec l’espace qui les entoure. Il décrit et interprète cette réalité environnante qu’il transforme en sa réalité propre puisqu’il s’agit là d’une perception (nous sommes par conséquent dans le domaine du subjectif). Le poète ne compose peut-être pas le monde, mais il est indéniable qu’il compose (au moins sur le papier) son monde.

On voit donc ici deux dimensions de la poétique d’habitation. La première est une poétique créatrice d’espace, la seconde une poétique narratrice de l’espace.

Une citation (sic) de Michaux

Comme je récupère cette citation de Michaux qui me plaît, comme il n’y a pas de source, et comme j’essaie de vérifier un peu, je m’aperçois que, peut-être, les 2 dernières lignes sont collées, rapportée. Une citation incertaine, donc.

J’écris pour me parcourir

Peindre

Composer

Ecrire

Me parcourir

Car c’est de chemins qu’il s’agit

de voyages

Henri Michaux, Passages (1950)

d’ici là 5 : « Le cœur est voyageur, l’avenir est au hasard »

(piqué à Christine jeanney)
« Le cœur est voyageur, l’avenir est au hasard »


Le cinquième numéro de la revue d’ici là, concocté par Pierre Ménard, est consacré à la sérendipité

(ce qu’on trouve sans le chercher).

42 auteurs et 135 pages à télécharger ici

à l'intime

parmi les autres, j’y Italie

Le fil est ficelle, tu sais

Le fil est ficelle, tu sais ; sur le trait à pas de loup, sur l’équilibre du monde je vais ; un tourment et le regard est vide sur un plafond blanc. Un fil c’est comme rien, tu sais. Et si le fil est celui d’L., c’est l’équilibre instable, bancal, clopin-clopant sur le mur comme la poule aux yeux d’or pond et re-pond, vainement. Un fil c’est comme rien, tu sais. Le cerveau en bataille, tu vois, en pagaille, je me raccroche à la pagaie, à l’attirail, je mouline des bras, je mouline des sons, mais rien n’y fait. Un fil c’est filament, ça brûle, c’est peu de temps.

Tu vois, on a des illusions au début, puis pfuittt les illusions, perdues.
On prend du temps sur le fil, mais un fil c’est du vide, du vent,
C’est du rien, un fil…