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Second drôle
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À 7 ou 8 ans,
« tiens, comme tu aimes te déguiser, je t’ai inscrit au théâtre ».
MERCUTIO. – Où diable ce Roméo peut-il être ? Est-ce qu’il n’est pas rentré cette nuit ?
BENVOLIO. – Non, pas chez son père ; j’ai parlé à son valet.
Bon, le petit il ne dit rien, ça remplace le violon qu’il pratiquait allongé sur le parquet, façon rockeur des années 70, la posture des rockeurs sans le talent des rockeurs.
MERCUTIO. – Ah ! cette pâle fille au cœur de pierre, cette Rosaline, le tourmente tant qu’à coup sûr il en deviendra fou.
BENVOLIO. – Tybalt, le parent du vieux Capulet, lui a envoyé une lettre chez son père.
Bon, le petit, il est content sans le talent (du théâtre cette fois-ci), de faire le guignol le mercredi après-midi.
Il est content dans le groupe des petits,
MERCUTIO. – Un cartel, sur mon âme !
BENVOLIO. – Roméo répondra.
il est content au petit spectacle des petits devants les parents,
puis après il est content dans le groupe des grands.
MERCUTIO. – Tout homme qui sait écrire peut répondre à une lettre.
BENVOLIO. – C’est à l’auteur de la lettre qu’il répondra : provocation pour provocation.
Puis après il est moins content, parce que les impros thématiques il aime pas ; il est timide, il ne sait pas quoi dire, quoi inventer ; il aime pas que tous les autres, plus grands encore que le petit devenant grand, le regardent, depuis leur côté obscur comme une meute aux yeux brillants, s’emberlificoter dans ses phrases sans intérêt.
MERCUTIO. – Hélas ! pauvre Roméo ! il est déjà mort : poignardé par l’oeil noir d’une blanche donzelle, frappé à l’oreille par un chant d’amour atteint au beau milieu du coeur par la flèche de l’aveugle archerot… Est-ce là un homme en état de tenir tête à Tybalt ?
BENVOLIO. – Eh ! qu’est-ce donc que ce Tybalt ?
Lâché dans l’arène aux mots, il aime pas. Vraiment pas.
Mais il continue, chaque année, il s’inscrit.
Devenu grand ado, le petit prend une certaine place, plus la persévérance que le talent pense-t-il encore aujourd’hui.
Bon, il n’est pas premier rôle, mais il est là, dans la distribution, il est là, sérieux quand les autres foutent en l’air une représentation devant un parterre important, foutue en l’air la représentation et la prof qui en pleure. Le groupe n’ira pas à ce festival avec ce spectacle sur les droits de l’enfant, donc.
MERCUTIO. – Plutôt le prince des tigres que des chats, je puis vous le dire. Oh ! il est le courageux capitaine du point d’honneur Il se bat comme vous modulez un air observe les temps, la mesure et les règles, allonge piano, une, deux, trois, et vous touche en pleine poitrine. C’est un pourfendeur de boutons de soie, un duelliste, un duelliste, un gentilhomme de première salle, qui ferraille pour la première cause venue.
(Il se met en garde et se fend. ) Oh ! la botte immortelle ! la riposte en tierce ! touché !
BENVOLIO. – Quoi donc ?
Bon il n’est pas premier rôle, mais il est là, dans la distribution, quand le groupe adulte monte une pièce filmée (un peu d’avant-garde, il faut l’avouer) et a besoin de constituer des binômes avec des ados.
Bon il n’est pas premier rôle, mais il est là, dans la distribution, quand il faut choisir 3 élèves pour aller au café de la Gare pour être toujours poético-d’avant garde. (souvenir, juste, d’un long tulle roulé que les 3 apprentis acteurs devaient ramener du fond vers le devant et que la camarade placée au milieu emmena à l’opposé, obligeant les 3 apprentis acteurs à reconsidérer et à adapter une bonne partie de la mise en scène).
Bon, même s’il se cache au fond, le petit, attendant avec impatience 17h & la fin du cours, en espérant n’avoir pas à improviser ce soir-là, même si tout cela, c’est tout de même lui qui est choisi, (pour son physique plus que pour son talent, l’étudiant cinéaste & son film de fin d’étude ne l’a pas vu sur scène 17h étant arrivé assez vite) pour faire le rôle d’un ado dégingandé qui s’enfuit d’une cave (pas une cave à vin, hein, l’autre cave, l’habituelle).
Bon c’est encore pour son physique (sa ressemblance avec son petit frère, lui aussi inscrit maintenant au groupe des petits) qu’il est choisi (avec sont petit frère donc) par la cinéaste New-Yorkaise pour son court métrage (tu vois, si quelques années après le petit a vu New-York, c’est grâce à cela. Prix du scénario au festival de Houston, sous les yeux de Sharon Stone paraît-il).
MERCUTIO, se relevant. – Au diable ces merveilleux grotesques avec leur zézaiement, et leur affectation, et leur nouvel accent ! (Changeant de voix.) Jésus ! la bonne lame ! le bel homme ! l’excellente putain ! Ah ! mon grand-père, n’est-ce pas chose lamentable que nous soyons ainsi harcelés par ces moustiques étrangers, par ces colporteurs de modes qui nous poursuivent de leurs pardonnez-moi, et qui, tant ils sont rigides sur leurs nouvelles formes, ne sauraient plus s’asseoir à l’aise sur nos vieux escabeaux ? Peste soit de leurs bonjours et de leurs bonsoirs.
(Entre Roméo, rêveur)
BENVOLIO. – Voici Roméo ! Voici Roméo !
Bon, il est toujours pas premier rôle, mais il est là, dans la distribution, il est là, il est Benvolio quand la petite troupe monte Roméo & Juliette.
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Ce texte est issu d’un vase communicant avec Martine Horowitz Silber : http://blogs.mediapart.fr/blog/martine-silber/011112/vases-communicants-second-drole
L’e-/imagier : Pantin
ESPACE et POÉSIE (ou comment j’en suis arrivé à ce blog)
Il y a un petit texte, je ne sais pas s’il est bon, que j’aime bien. Le premier que j’ai écris sur les relations entre géographie et littérature, il est issu de la présentation d’un mémoire sur le récit de voyage en Italie rédigé il y a quelques années. Je ne sais pas s’il est bon ce texte, j’étais jeune à l’époque, lorsque je l’ai déposé sur la revue culturelle en ligne Culture a confine. Mais il y draine pas mal, donc je le remet par là. Et je garde le petit visuel -Italie Florence cartes anciennes Berlin-, vue du panneau en liège devant mon bureau d’alors, de Pantin. Je ne suis pas (plus) forcément d’accord avec tout,(le fond et la forme, parfois grandiloquente), avec cet ancien moi-même, mais je ne retouche rien, ça peut toujours nourrir une réflexion, une contradiction. Voilà ce texte de commencement :
“En poète l'homme habite sur cette terre” (F. Hölderlin)
Que voulait dire par là Hölderlin ? Que l’homme a une sensibilité qui lui permet d’habiter en poète sur cette terre ? Mais tous les hommes ne possèdent-ils pas une sensibilité qui leur permet d’avoir une relation poétique avec la terre ? L’homme qui a une l’imagination poétique peut appréhender l’habitat d’une telle façon mais, en admettant que chacun ait une imagination poétique, pour beaucoup c’est une dimension qu’il reste à découvrir, à sortir du fond de leur être. Toujours est-il que la poésie est en relation étroite avec l’espace et donc par enchaînement, avec l’habitat qui est la première et pour ainsi dire la plus proche (la plus quotidienne) expérience de l’homme à l’espace. En effet, cet habitat est à la fois mère protectrice (l’enveloppe qui rassure) et esprit créateur puisque c’est le seul lieu où l’individu a (presque) toute liberté d’aménagement. Cela nous ramène à une définition de la poétique trouvée chez Kenneth White pour qui la poétique est la manière essentielle de composer le monde.
La question que l’on peut se poser est : comment l’espace poétique (qui est à l’intérieur de tout être) crée-t-il de l’espace physique ? Comment cet espace poétique peut-il influencer l’homme dans sa relation avec l’espace physique ?
On peut faire ressortir deux principaux types de relations entre la poésie et l’espace. Tout d’abord, considérons que la poésie se situe en amont de l’habitat humain. Cette poésie regroupe donc des outils tels que l’imaginaire collectif, les mythes, les légendes et les mystères de la Terre. Bien sûr, c’est l’homme qui a inventé ces “histoires”, mais ce qui paraît intéressant c’est de voir comment aujourd’hui ces “histoires” influencent l’homme dans son rapport à l’espace. On peut illustrer cela par l’exemple de la peur ancestrale qu’ont les japonais de la forêt et qui s’explique par le fait que, selon les récits traditionnels, la forêt est le lieu de villégiature des démons et des esprits. On pourrait trouver beaucoup d’autres exemples à travers le monde. Ainsi, l’homme habite en partie le monde à travers des narrations séculaires.
Seconde idée, on considère la poésie comme résultant de l’expérience de l’habitat. Il s’agit ici de voir quelle interprétation du monde propose le poète. Il propose le résultat de son action d’habitant, de ce qui le touche dans les harmonies et les non-harmonies que lui et ses semblables entretiennent avec l’espace qui les entoure. Il décrit et interprète cette réalité environnante qu’il transforme en sa réalité propre puisqu’il s’agit là d’une perception (nous sommes par conséquent dans le domaine du subjectif). Le poète ne compose peut-être pas le monde, mais il est indéniable qu’il compose (au moins sur le papier) son monde.
On voit donc ici deux dimensions de la poétique d’habitation. La première est une poétique créatrice d’espace, la seconde une poétique narratrice de l’espace.
La France d’avant
C’était juste avant, à un pas de la charnière. J’avais promené mon appareil deci-delà dans Paris et dans Pantin, et photographié des résidus d’affiches. Arte povera électoral que je l’avais appelé cette série. Je la ressort de iphoto, donc.
Autogéographie en footballeur (JE ME SOUVIENS des années football)
Ce texte a été proposé une première fois (suivi d’un post scriptum) dans le cadre des vases communicants de mars 2010 sur lesmarges.net – Jours ouvrables, site de Jean Prod’hom. Il est ici augmenté d’un avant et d’un après propos.
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Tu vois, 1986, j’ai 9 ans à peine ; tu vois, chez des amis, un petit pavillon de banlieue ; tu vois, après la playmate du samedi soir, le match d’ouverture de la coupe du monde entre l’Italie et la Bulgarie ; tu vois, je me souviens des tacles pieds levés ; tu vois, les Baresi, Ancelotti, Vialli et autres Hugo Sanchez ou (tiens un Zidane, Djamel, marquât le but algérien contre l’Irlande du Nord) autre Völler qui allaient peupler mes années 90’. Tu vois ces souvenirs, j’en causais encore il y a quelques jours, près de 25 ans après, avec l’écrivain mexicain, installés à la terrasse d’un café sur l’étoile de Cardinal Lemoine, tu vois il me fait le quizz de mes souvenirs foot, en commençant par la coupe du monde 94 aux Etats-Unis & les maillots fluos de Jorge Campos, en remontant jusqu’à la susdite 1986….
… Lausanne Sport – Neuchâtel Xamax – Grasshopper – Zurich – Servette Genève – AJ Auxerre – Girondins de Bordeaux – D’aussi loin que je me souvienne, j’ai dû m’intéresser au foot vers mes 7 ou 8 ans… – US Boulogne CO – Grenoble Foot – Le Mans UC 7 – …j’ai acheté nombre de ‘France Foot’ que je ne me résous pas à jeter et qui encombrent ici ou là… – RC Lens – Lille OSC – FC Lorient – Olympique lyonnais – JE ME SOUVIENS DES ECUSSONS DORES QUE NOUS COLLIONS SUR UNE CARTE DE FRANCE ; LES VILLES ET LES CLUBS, GEOGRAPHIE ET FOOTBALL ; ASSOCIATION SPORTIVE DE MONACO, FOOTBALL CLUB DE METZ, OLYMPIQUE MARSEILLE, ASSOCIATION DE LA JEUNESSE AUXERROISE, RACING CLUB DE LENS, STADE RENNAIS… Lire la suite
Souvenirs (fragmentaires) de Pantin (Charles Auray)
C’était l’époque du dessus de l’école, une école primaire avec ses cris d’enfants qui rythment la journée : 8h / 10h / 11h30/ 13h/ 16h. C’était l’époque de la cloche manuelle, puis avec le progrès de la cloche automatique et stridente, c’était l’époque de l’insouciance, du foot par la fenêtre, du foot sur l’ordinateur. On doit être là un peu avant le tournant du millénaire.
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