Et hop,
c’est la marge du manuscrit qui est nette. Avec les premières corrections…
Et hop,
Et hop,
c’est la caricature de Balzac avec Sand, Dumas, Hugo etc… qui est nette.
Moi aussi j’aurais dû acheter un réflex.
Qu’on aurait pu sous-titrer :
les vices de la vertu
Une nouvelle,
Oui, si Balzac écrit énormément
(une centaine de titres en à peine plus de 15 ans
(sans compter les œuvres de jeunesse et articles de journaux))
il ne publie pas que des pavés ;
sa Comédie humaine est composée
de beaucoup de nouvelles
(parfois très courtes : cf La Grenadière,
par exemple)
Ces Marana.
À ne pas confondre avec Manara
(c’est pas du tout la même chose)
(quoique, d’une façon ou d’une autre,
il est question de vertu
dans les 2)
Je lis, je lis,
30 pages
40 pages
et je ne vois pas quoi en tirer
si ce n’est un résumé.
L’histoire est presque enlevée
Agréable à lire, sans longueurs
Mais rien ne dépasse vraiment, ni en bien, ni en mal.
Pas même une citation potentielle.
Oh ! Balzac !
Une jolie image par ci
Vêtue simplement, obscure, cachée dans le coin d’un pilier, la mère proscrite se reconnut dans sa fille telle qu’elle avait été un jour, céleste figure d’ange, pure comme l’est la neige tombée le matin même sur une Alpe.
Puis cela s’accélère,
L’amour à l’italienne
À Tarragone,
En Espagne
Montefiore attendit l’heure la plus somnifère de la nuit ; puis, malgré ses réflexions, il descendit sans chaussure, muni de ses pistolets, alla pas à pas, s’arrêta pour écouter le silence, avança les mains, sonda les marches, vit presque dans l’obscurité, toujours prêt à rentrer chez lui s’il survenait le plus léger incident. L’Italien avait revêtu son plus bel uniforme, il avait parfumé sa noire chevelure, et s’était donné l’éclat particulier que la toilette et les soins prêtent aux beautés naturelles ; en semblable occurrence, la plupart des hommes sont aussi femmes qu’une femme.
Le dragueur, quoi…
— Aussitôt que je vous ai vue, dit-il en pur toscan et d’une voix italiennement mélodieuse, je vous ai aimée. En vous ont été mon âme et ma vie, en vous elles seront pour toujours, si vous voulez.
Juana écoutait en aspirant dans l’air le son de ces paroles que la langue de l’amour rendait magnifiques.
Le charmeur, quoi…
Le baratineur, quoi…
— Juana, reprit Montefiore en lui prenant les mains et les baisant avec une passion qui éclatait dans ses yeux, dans ses gestes et dans le son de sa voix, parle-moi comme à ton époux, comme à toi-même. J’ai souffert tout ce que tu as souffert. Entre nous il doit suffire de peu de paroles pour que nous comprenions notre passé ; mais il n’y en aura jamais assez pour exprimer nos félicités à venir. Mets ta main sur mon coeur. Sens-tu comme il bat ? Promettons-nous devant Dieu, qui nous voit et nous entend, d’être l’un à l’autre fidèles pendant toute notre vie. Tiens, prends cet anneau… Donne-moi le tien.
— Donner mon anneau ! s’écria-t-elle avec effroi.
— Et pourquoi non ? demanda Montefiore inquiet de tant de naïveté.
— Mais il me vient de notre saint-père le pape ; il m’a été mis au doigt dans mon enfance par une belle dame qui m’a nourrie, qui m’a mise dans cette maison, et m’a dit de le garder toujours.
— Juana, tu ne m’aimeras donc pas ?
— Ah ! dit-elle, le voici. Vous, n’est-ce donc pas mieux que moi ?
Le libertin, quoi…
La jeune Italienne, affamée de voir son amant, l’en avait bien souvent prié ; mais il s’y était toujours refusé par prudence. D’ailleurs, il avait usé tout son crédit et toute sa science pour endormir les soupçons des deux vieux époux, il les avait accoutumés à le voir, lui militaire, ne plus se lever qu’à midi. Le capitaine s’était dit malade. Les deux amants ne vivaient donc plus que la nuit, au moment où tout dormait dans la maison. Si Montefiore n’avait pas été un de ces libertins auxquels l’habitude du plaisir permet de conserver leur sang-froid en toute occasion, ils eussent été dix fois perdus pendant ces dix jours. Un jeune amant, dans la candeur du premier amour, se serait laissé aller à de ravissantes imprudences auxquelles il est si difficile de résister. Mais l’Italien résistait même à Juana boudeuse, à Juana folle, à Juana faisant de ses longs cheveux une chaîne qu’elle lui passait autour du cou pour le retenir. Cependant l’homme le plus perspicace eût été fort embarrassé de deviner les secrets de leurs rendez-vous nocturnes. Il est à croire que, sûr du succès, l’Italien se donna les plaisirs ineffables d’une séduction allant à petits pas, d’un incendie qui gagne graduellement et finit par tout embraser.
L’envouteur, quoi…
Le onzième jour, en dînant, il jugea nécessaire de confier, sous le sceau du secret, au vieux Perez, que la cause de sa disgrâce dans sa famille était un mariage disproportionné. Cette fausse confidence était quelque chose d’horrible au milieu du drame nocturne qui se jouait dans cette maison. Montefiore, en joueur expérimenté, se préparait un dénoûment dont il jouissait d’avance en artiste qui aime son art. Il comptait bientôt quitter sans regret la maison et son amour. Or, quand Juana, risquant sa vie peut-être dans une question, demanderait à Perez où était son hôte, après l’avoir longtemps attendu, Perez lui dirait sans connaître l’importance de sa réponse : — Le marquis de Montefiore s’est réconcilié avec sa famille, qui consent à recevoir sa femme, et il est allé la présenter.
L’intensité est à son comble,
La mère de la fille, courtisane par tradition familiale, qui veut une vie plus vertueuse pour sa fille, la mère entre en scène :
— A Tarragone, avant la prise de Tarragone ! s’était-elle écriée. Je veux être dans dix jours à Tarragone…
Et sans se soucier d’une cour, ni d’une couronne, elle était arrivée à Tarragone, munie d’un firman quasi-impérial, munie d’or qui lui permit de traverser l’empire français avec la vélocité d’une fusée et dans tout l’éclat d’une fusée. Pour les mères il n’y a pas d’espace, une vraie mère pressent tout et voit son enfant d’un pôle à l’autre.
Bon, il s’en est passé des choses, on arrive à la moitié de l’histoire et voilà ce que Balzac sort de son chapeau :
Ce récit purement introductif n’est point le sujet principal de cette Etude, pour l’intelligence de laquelle il était nécessaire d’expliquer, avant toutes choses, comment il se fit que le capitaine Diard épousa Juana de Mancini, comment Montefiore et Diard se connurent, et de faire comprendre quel coeur, quel sang, quelles passions animaient madame Diard.
Sacré Balzac !
Une bien longue introduction.
Il place au passage que ce n’est pas un roman, mais une
étude
Comme il l’évoque ailleurs & autrement :
“ L’auteur s’attend à d’autres reproches, parmi lesquels sera celui d’immoralité ; mais il a déjà nettement expliqué qu’il a pour idée fixe de décrire la société dans son entier, telle qu’elle est : avec ses parties vertueuses, honorables, grandes, honteuses, avec le gâchis de ses rangs mêlés, avec sa confusion de principes, ses besoins nouveaux et ses vieilles contradictions. Le courage lui manque à dire encore qu’il est plus historien que romancier, d’autant que la critique le lui reprocherait comme s’il s’adressait une louange à lui même […]. ”
Balzac, La Femme supérieure,
préface à l’édition Werdet de 1838.
Ce qu’il enfonce là avec l’importance des classifications, élogeant par la même occasion Napoléon :
Diard n’avait pas un caractère assez fort, assez compact, assez persistant pour commander au monde de cette époque, parce que, à cette époque, chacun voulait s’élever. Les classifications sociales toutes faites sont peut-être un grand bien, même pour le peuple. Napoléon nous a confié les peines qu’il se donna pour imposer le respect à sa cour, où la plupart de ses sujets avaient été ses égaux. Mais Napoléon était Corse, et Diard Provençal. A génie égal, un insulaire sera toujours plus complet que ne l’est l’homme de la terre ferme, et sous la même latitude, le bras de mer qui sépare la Corse de la Provence est, en dépit de la science humaine, un océan tout entier qui en fait deux patries.
Et pour finir, une belle allitération engoncée dans une critique des beaux quartiers
Or, à Paris, de la dernière maison du faubourg Saint-Germain au dernier hôtel de la rue Saint-Lazare, entre la butte du Luxembourg et celle de Montmartre, tout ce qui s’habille et babille, s’habille pour sortir et sort pour babiller, tout ce monde de petits et de grands airs, ce monde vêtu d’impertinence et doublé d’humbles désirs, d’envie et de courtisanerie, tout ce qui est doré et dédoré, jeune et vieux, noble d’hier ou noble du quatrième siècle, tout ce qui se moque d’un parvenu, tout ce qui a peur de se compromettre, tout ce qui veut démolir un pouvoir, sauf à l’adorer s’il résiste ; toutes ces oreilles entendent, toutes ces langues disent et toutes ces intelligences savent, en une seule soirée, où est né, où a grandi, ce qu’a fait ou n’a pas fait le nouveau venu qui prétend à des honneurs dans ce monde.
Je saisissais les enquêtes de satisfaction
C’était au début, il y a 3 ans
« Avez-vous aimé … »
et à la réponse
« Avez vous fait des achats à la boutique ? »
la réponse a été
Modeste
Bêtement, pas encore familier de tout le corpus de Balzac, j’ai pensé ‘ils ont fait de modestes achats à la boutique ces suisses, drôle de formulation idiomatique.
Non en fait,
Ils avaient acheté Modeste Mignon
Il a fallu attendre presque 3 ans pour que je le lise, sur des conseils convergents et par besoin de savoir comment Balzac évoque ses contemporains dans son œuvre.
En l’occurrence Lamartine & Hugo.
L’histoire,
Brièvement,
Est celle d’une jeune fille,
Une jeune fan
(Modeste Mignon)
Du poète à la mode :
Canalis.
Elle lui écrit,
Canalis n’en a cure
Et laisse son secrétaire répondre.
S’ensuit un quiproquo
Et les millions de dot de Modeste
Rappelle Canalis à sa cupidité.
Rivalités d’amants pour Modeste :
Le beau parleur,
Le noble
Et le transi
Rappelons :
Dans La Peau de chagrin, version 1831, Balzac fait apparaître nommément Lamartine et Hugo
– Lamartine restera-t-il ?
– Ah ! Scribe, monsieur, a bien de l’esprit.
– Et Victor Hugo ?
– C’est un grand homme, n’en parlons plus.
– Vous êtes ivres !
Version 1833 à Furne non corrigé
Ce qui devient par la suite :
– Nathan restera-t-il?
– Ah! ses collaborateurs, monsieur, ont bien de l’esprit.
– Et Canalis?
– C’est un grand homme, n’en parlons plus.
– Vous êtes ivres?
Version Furne corrigé
Il est possible […]
Plus d’un trait commun […]
Narcisse […] beauté […] ministre […]
Et fait dire à certains que Canalis est Lamartine.
Cependant
Lamartine ne fut pas
sec,
2 fois ministre
ni pair de France,
ni siégeant vers la droite.
Ce n’est pas si simple,
Balzac prend la réalité et la recompose,
bien souvent
Canalis doit beaucoup à Lamartine, mais il doit aussi un peu à Victor Hugo ;
c’est un mix(te)
Bref, Modeste Mignon est l’occasion, pour Balzac, d’évoquer sans complaisance ces écrivains :
De Victor Hugo dans Canalis,
Le front dégagé :
Modeste vit à l’étalage d’un libraire le portrait lithographié d’un de ses favoris, de Canalis. Vous savez combien sont menteuses ces esquisses, le fruit de hideuses spéculations qui s’en prennent à la personne des gens célèbres, comme si leurs visages étaient des propriétés publiques. Or, Canalis, crayonné dans une pose assez byronienne, offrait à l’admiration publique ses cheveux en coup de vent, son cou nu, le front démesuré que tout barde doit avoir. Le front de Victor Hugo fera raser autant de crânes, que la gloire de Napoléon a fait tuer de maréchaux en herbe. Cette figure, sublime par nécessité mercantile, frappa Modeste, et le jour où elle acheta ce portrait, l’un des plus beaux livres de d’Arthès venait de paraître. Dût Modeste y perdre, il faut avouer qu’elle hésita long-temps entre l’illustre poète et l’illustre prosateur. Mais ces deux hommes célèbres étaient-ils libres ?
De Lamartine dans Canalis,
Politique & poésie :
— Canalis, dit-il une fois, me fait l’effet de l’homme le plus courageux, signalé par le grand Frédéric après la bataille, ce trompette qui n’avait cessé de souffler le même air dans son petit turlututu !
Canalis, aux oreilles de qui cette épigramme arriva, voulut devenir général. Combien de fois un mot n’a-t-il pas décidé de la vie d’un homme ? L’ancien président de la république Cisalpine, le plus grand avocat du Piémont, Colla s’entend dire, à quarante ans, par un ami, qu’il ne connaît rien à la botanique ; il se pique, devient un Jussieu, cultive les fleurs, en invente, et publie la Flore du Piémont, en latin, l’ouvrage de dix ans.
— Après tout, Canning et Chateaubriand sont des hommes politiques, se dit le poète éteint, et de Marsay trouvera son maître en moi !
Canalis aurait bien voulu faire un grand ouvrage politique ; mais il craignit de se compromettre avec la prose française, dont les exigences sont cruelles à ceux qui contractent l’habitude de prendre quatre alexandrins pour exprimer une idée. De tous les poètes de ce temps, trois seulement : Hugo, Théophile Gautier, de Vigny ont pu réunir la double gloire de poète et de prosateur que réunirent aussi Racine et Voltaire, Molière et Rabelais, une des plus rares distinctions de la littérature française et qui doit signaler un poète entre tous. Donc, le poète du faubourg Saint-Germain faisait sagement en essayant de remiser son char sous le toit protecteur de l’Administration.
et au passage il place son trio de têtes.
Mise en abîme que ce roman, lorsque Canalis évoque Lamartine
Ah ! mon ami, la gloire fait de nous un but que mille flèches visent ! L’un de nous a dû son riche mariage à l’une des pièces hydrauliques de sa poésie, et moi, plus caressant, plus homme à femmes que lui, j’aurai manqué le mien… car, l’aimes-tu, cette pauvre fille ?… dit-il en regardant La Brière.
Bien entendu, dit-il avec son ton professoral,
il s’agit là du poème Le Lac,
Le morceau de bravoure et de postérité
dudit Lamartine.
Et de l’admiratrice anglaise
(Je tâcherai de faire des poésies romantiques pour me faire épouser comme M. de Lamartine. Il a composé une rêverie intitulée Le Lac, et tu sais qu’il était en Italie pour rétablir sa santé. Il tombe chez lui une Anglaise qui lui dit : « Voû aîtes Mauchieu de La Mertine ! ché vien aipousé vous, pâ ce que ché aîme peaucoupe vôtre Lâque, et ché daune à vou vin quât heûr por vous décidé, et che vous empaurte dan le Angleter por mon méri, si vou le foulez. » – Lamartine pour se débarrasser de cette folle, prit des chevaux de poste et s’en fut à Naples. L’Anglaise qui le guettait paya les postillons grassement et prit trois chevaux et elle arriva à Naples avant lui ; il se croyait délivré, quand, cinq ou six minutes avant l’expiration du délai, Milady reparaît, disant : « Avré vou réflaichis ? Je ai 15 000 l[ivres] sterling de revenu, foulez vou me épousair ?… » Ce qu’il fit. Or, si on l’a épousé pour la lune, je vais moi chanter le soleil et comme ses rayons sont bien plus violents que ceux de la lune, j’espère que ma milady aura bien plus de rentes que celle-là […].
écrit Balzac, moqueur, à sa sœur, en 1821.)
Revenons à nos Mignon,
L’écho, c’est Le Bal de Sceaux,
En négatif, sûr
Et en clôture,
notons que Balzac envoie sur le poète :
— Et vous vous dites poète, s’écria Dumay ; mais vous ne sentez donc rien !…
— Eh ! si nous éprouvions les misères ou les joies que nous chantons, nous serions usés en quelques mois, comme de vieilles bottes !… dit le poète en souriant.
Pof, je coche dans ma liste de la CH :
Massimilla Doni
des Etudes philosophiques,
roman musical
souvent associé à
Gambara, Sarrasine – autres romans musicaux
ou Le Chef d’œuvre inconnu – roman pictural
Petite envie d’une balade à Venise
dans
un des quelques (rares) romans étrangers de Balzac.
Le golfe brillant que dessinent les églises de Saint-Georges et de Saint-Paul au bout de la Giudecca, et le commencement du canal Grande, si glorieusement ouvert par la dogana, et par l’église dédiée à la Maria della Salute, ce magnifique golfe était paisible. La lune éclairait les vaisseaux devant la rive des Esclavons. L’eau de Venise, qui ne subit aucune des agitations de la mer, semblait vivante, tant ses millions de paillettes frissonnaient. Jamais chanteur ne se trouva sur un plus magnifique théâtre. Genovese prit le ciel et la mer à témoin par un mouvement d’emphase ; puis, sans autre accompagnement que le murmure de la mer, il chanta l’air d’ombra adorata, le chef-d’oeuvre de Crescentini. Ce chant, qui s’éleva entre les fameuses statues de saint Théodore et saint Georges, au sein de Venise déserte, éclairée par la lune, les paroles si bien en harmonie avec ce théâtre, et la mélancolique expression de Genovese, tout subjugua les Italiens et le Français. Aux premiers mots, Vendramin eut le visage couvert de grosses larmes. Capraja fut immobile comme une des statues du palais ducal. Cataneo parut ressentir une émotion.
Une ambiance d’opéra qui rappelle assez Consuelo de George Sand, roman vénitien (du moins au début), d’amour et de tromperies.
(vérifier celui de Sand ou de Balzac qui a écrit en premier son roman)
Pareil ici
Massimilla aime Emilio
qui aime Massimilla
Emilio qui en pince aussi pour l’affriolante cantatrice, la Tinta.
Amours, gloire et beautés
L’amour, vois-tu, sera toujours l’amour. Il est partout semblable à lui-même, il est comme le soleil de nos âmes, on se chauffe partout où il brille, et nous sommes ici en plein midi. Si, demain, tu n’es pas content, tue-moi ! Mais je vivrai, va ! car je suis furieusement belle.
dit la Tinta
Ca commence bien, Venise et l’amour,
puis mou du genou
blabla à l’opéra
critique du Moïse de Rossini qu’apprécieront les initiés
(le roman n’est presque qu’un prétexte, une mayonnaise pour envelopper ladite critique),
puis je ne sais pas si j’ai bien compris la fin.
De la musique
— Dans la langue musicale, répondit la duchesse, peindre, c’est réveiller par des sons certains souvenirs dans notre coeur, ou certaines images dans notre intelligence, et ces souvenirs, ces images ont leur couleur, elles sont tristes ou gaies. Vous nous faites une querelle de mots, voilà tout. Selon Capraja, chaque instrument a sa mission, et s’adresse à certaines idées comme chaque couleur répond en nous à certains sentiments. En contemplant des arabesques d’or sur un fond bleu, avez-vous les mêmes pensées qu’excitent en vous des arabesques rouges sur un fond noir ou vert ? Dans l’une comme dans l’autre peinture, il n’y a point de figures, point de sentiments exprimés, c’est l’art pur, et néanmoins nulle âme ne restera froide en les regardant.
De la politique
Ainsi va la vie italienne : le matin l’amour, le soir la musique, la nuit le sommeil. Combien cette existence est préférable à celle des pays où chacun emploie ses poumons et ses forces à politiquer, sans plus pouvoir changer à soi seul la marche des choses qu’un grain de sable ne peut faire la poussière. La liberté, dans ces singuliers pays, consiste à disputailler sur la chose publique, à se garder soi-même, se dissiper en mille occupations patriotiques plus sottes les unes que les autres, en ce qu’elles dérogent au noble et saint égoïsme qui engendre toutes les grandes choses humaines.
Des mathématiques
visiblement, il aime pas trop les maths, le Balzac
— Il obéit à une loi secrète dont la démonstration mathématique sera peut-être donnée par un de vos chimistes, et que le siècle suivant trouvera dans une formule pleine d’X, d’A et de B entremêlés de petites fantaisies algébriques, de barres, de signes et de lignes qui me donnent la colique, en ce que les plus belles inventions de la Mathématique n’ajoutent pas grand’chose à la somme de nos jouissances.
De l’art et de la passion (souvent c’est lié)
Quand un artiste a le malheur d’être plein de la passion qu’il veut exprimer, il ne saurait la peindre, car il est la chose même au lieu d’en être l’image. L’art procède du cerveau et non du cœur. Quand votre sujet vous domine, vous en êtes l’esclave et non le maître. Vous êtes comme un roi assiégé par son peuple. Sentir trop vivement au moment où il s’agit d’exécuter, c’est l’insurrection des sens contre la faculté !
Et l’auteur dans son texte
Le prince frissonna de peur et de plaisir, car il aimait Massimilla, comme vous savez.
Je rajoute :
Balzac, régulièrement, prend du recul sur son texte ;
il fait, par petites touches de prose, entrer le romancier
(et le lecteur) dans son texte.
Ce qu’il faisait souvent dans ses œuvres de jeunesse,
celles sous pseudonymes.
On considère que Balzac, en 1836, avec une histoire intitulée La Vieille fille, est le premier feuilletoniste de l’histoire de la presse.
Dans les années 1830
les journaux se développent,
les caricatures et les feuilletons littéraires avec.
Le jour où je ne pourrai plus faire la parade au bas d’un journal, les entrepreneurs de feuilles publiques me laisseront là, comme une vieille pantoufle qu’on jette au coin de la borne.
J’ai utilisé, pendant un temps, en visite,
cette expressions de la vieille pantoufle délaissée
pour évoquer l’abandon de Mme Hanska-Balzac
par Champfleury,
après leur brève liaison.
Contrairement celles de Sue et de Dumas, l’écriture de Balzac est, dans l’ensemble, peu adaptée au feuilletons qui demandent suspens et vivacité. Chez Balzac il faut passer le premier tiers, voir les deux premiers tiers du romans avant que l’action éclot ; et alors, tout va très vite, on ne lâche plus livre.
Mais il faut y arriver, à l’action.
La Muse du département,
je n’ose pas trop le dire
j’ai mis 3 mois pour en lire les deux premiers tiers
et
3 jours pour le finir.
Ce roman, comme Béatrix, s’inspire de George Sand, ou comme Illusions Perdues, de la façon qu’a une femme de province, lettrée, de quitter Sancerre avec son amant, lettré lui aussi, pour la gloire parisienne.
Lousteau se promena, fumant des cigares et cherchant des idées; car les idées, à Paris, sont dans l’air, elles vous sourient au coin d’une rue, elles s’élancent sous une roue de cabriolet avec un jet de boue!
Balzac aimait bien, dans l’ensemble, G. Sand.
Sauf pour la politique.
Sauf que Balzac est conservateur
et préférerait que les femmes
restent à s’occuper de la maison
plutôt que d’écrire.
Si ce mot ne devait pas, pour beaucoup de gens, comporter une espèce de blâme, on pourrait dire que George Sand a créé le Sandisme, tant il est vrai que, moralement parlant, le bien est presque toujours doublé d’un mal. Cette lèpre sentimentale a gâté beaucoup de femmes qui, sans leurs prétentions au génie, eussent été charmantes. Le Sandisme a cependant cela de bon que la femme qui en est attaquée faisant porter ses prétendues supériorités sur des sentiments méconnus, elle est en quelque sorte le Bas-Bleu du coeur : il en résulte alors moins d’ennui, l’amour neutralisant un peu la littérature. Or l’illustration de George Sand a eu pour principal effet de faire reconnaître que la France possède un nombre exorbitant de femmes supérieures, assez généreuses pour laisser jusqu’à présent le champ libre à la petite-fille du maréchal de Saxe.
Et Balzac, parfois (souvent ?) moraliste dans ses textes termine ainsi l’épopée de la femme auteur : Titre de LIème Partie : LI. La comtesse de La Baudraye devient une femme honnête
La femme perd et retourne chez son mari, à Sancerre.
Elle rentre dans le rang.
Balzac aimait bien, au début, George Sand. Madame Hanska aussi l’appréciait. La mode est aux autographes
Madame de La Baudraye avait donné dans la manie des autographes : elle possédait un volume oblong qui méritait d’autant mieux son nom, que les deux tiers des feuillets étaient blancs. La baronne de Fontaine, à qui elle l’avait envoyé pendant trois mois, obtint avec beaucoup de peine une ligne de Rossini, six mesures de Meyerbeer, les quatre vers que Victor Hugo met sur tous les albums, une strophe de Lamartine, un mot de Béranger, Calypso ne pouvait se consoler du départ d’Ulysse écrit par George Sand, les fameux vers sur le parapluie par Scribe, une phrase de Charles Nodier, une ligne d’horizon de Jules Dupré, la signature de David d’Angers, trois notes d’Hector Berlioz. Monsieur de Clagny récolta, pendant un séjour à Paris, une chanson de Lacenaire, autographe très recherché, deux lignes de Fieschi, et une lettre excessivement courte de Napoléon, qui toutes trois étaient collées sur le vélin de l’album.
et comme Madame Hanska veut un autographe de George Sand, Honoré de Balzac se fait médiateur.
Je viens de relire…
plus de 20 ans après une première lecture
scolaire,
en 5ème si je me rappelle bien
– les lectures scolaires ne laissent pas forcément de bons souvenirs,
lectures obligées,
« la prof s’arrête sur toutes les phrases »
me rappelle une collégienne comme
nous parlons de ses lectures de Balzac -.
…le Colonel Chabert.
Un mauvais souvenir, donc, qui me bloquait de le relire jusqu’à cette semaine.
Comme Le Père Goriot,
(lu il n’y a que 2 ans),
comme Eugénie Grandet
qui faisait faire des cauchemars à ma sœur
(et donc toujours pas lu).
C’est pas épais comme livre, et, bienfait des vides de la surveillance, j’ai un peu de temps pour me lancer dedans. Je l’avale dans l’après-midi.
Le souvenir de l’histoire m’était très vague. Finalement j’ai apprécié ; ça ne fera pas partie de mes préférés de Balzac
les soldats napoléoniens : bof !
mais ça passe très bien, en fait, et je comprends (comme pour Le Père Goriot) pour quoi on le propose aux scolaires
pas de descriptions qui n’en finissent pas.
Bon, au collège, c’est un peu tôt quand même, non ?
J’y relève un passage sur l’idée de Spectacle :
– D’abord, reprit Godeschal, le théâtre n’a pas été désigné. Je puis, si je veux, vous mener chez madame Saqui.
– Madame Saqui n’est pas un spectacle.
– Qu’est-ce qu’un spectacle ? reprit Godeschal. Etablissons d’abord le point de fait. Qu’ai-je parié, messieurs ? un spectacle. Qu’est-ce qu’un spectacle ? une chose qu’on voit…
– Mais dans ce système-là, vous vous acquitteriez donc en nous menant voir l’eau couler sous le Pont-Neuf ? s’écria Simonnin en interrompant.
– Qu’on voit pour de l’argent, disait Godeschal en continuant. — Mais on voit pour de l’argent bien des choses qui ne sont pas un spectacle. La définition n’est pas exacte, dit Huré.
– Mais, écoutez-moi donc !
– Vous déraisonnez, mon cher, dit Boucard.
– Curtius est-il un spectacle ? dit Godeschal.
– Non, répondit le premier clerc, c’est un cabinet de figures.
– Je parie cent francs contre un sou, reprit Godeschal, que le cabinet de Curtius constitue l’ensemble de choses auquel est dévolu le nom de spectacle. Il comporte une chose à voir à différents prix, suivant les différentes places où l’on veut se mettre.
– Et berlik berlok, dit Simonnin.
– Prends garde que je ne te gifle, toi ! dit Godeschal.
En notes de bas de page : Mme Saqui est une acrobate / et / à l’époque il fallait payer pour traverser le Pont des arts d’où on pouvait voir passer la Seine sous le Pont-Neuf.
Et comme souvent chez Balzac, ça finit mal.
Pourquoi on ne lit pas ceux qui finissent bien, à l’école ?
« Je hais Paris. »
Bien obligé
alors…
…Paperolles, le matin
vu les manuscrits, le dossier 117 du fourbe Lovanjoul (comme elle me dit : ce ne serait pas une façon de faire entrer Balzac à l’Académie pour l’éternité que de donner tous ses manuscrits à l’Institut de France et d’exiger qu’ils n’en sortent pas ?). Pas le droit aux photos, donc je fais un dessin que j’aquarelise.
…Musées, l’après-midi
Par hasard, sur le chemin de Saint-George,
d’abord la rue Visconti où Balzac avait son imprimerie, celle des dettes colossales, avant d’être Le Balzac. Une toute fine rue
qui s’élargit pour Balzac.
Tiens, chez Colette ! Jamais lu Colette.
Puis passage chez Delacroix : son atelier, des œuvres, pas de reconstitution ; des croutes et des croquis (je penche pour les seconds), ses palettes.
Enfin, le hasard toujours, les manuscrits. Avec accointances pour ceux des artistes et des écrivains (même si la Relativité de Einstein : !!!)
Enfin, le second objectif de la journée : les breloques de George Sand
au musée de la vie romantique, dans le salon de son ami Ary Scheffer, avec les gamins de l’école toute proche qui piaillent déjà les vacances.
Mon imprimante n’aime pas Michel Butor, encore moins s’il est mélangé avec Balzac. La bougresse ! on ne va pas s’entendre tous les deux.
Voilà, c’est presque fini la saison, restent les journées du patrimoine durant lesquelles on reçoit grosso-modo le triple de visiteurs d’un gros WE d’été.
Comme on repasse à des petites visites avec 2 ou 3 personnes, revient la surprise :
« Il n’y a que nous ? Vous êtes sûr que cela ne vous dérange pas de faire la visite juste pour nous ? »
Et mes dessins qui sont de moins en moins précis…
—–
7 semaines à Saché est par là.
—–
Et en bonus, Balzac la raconte, sa chambre de Saché : Lire la suite
j’aurais pu faire la photo, pour la ramener aux collègues, mais non, voilà mon dessin, bancal.
… mais elle n’entendit que le bruit lourd de la prudente démarche du curé qui finit par s’affaiblir dans le lointain, et qui cessa lorsque, dans le silence de la ville, la porte du presbytère retentit en se fermant. (Béatrix, Balzac)
Et pour les autres lieux de Béatrix : ???
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