Immédiatement ,
immédiatement la montée vers le plateau du Haut du Lièvre , trois minutes quarante huit secondes en moyenne , trois minutes quarante huit secondes , entre deux parties d’une ville qui s’ignorent .
Entre deux parties qui s’ignorent une idée : ouvrir la phrase .
Seul le conducteur du bus de la ligne 124 est maître de la destination . Pas d’objectif de description de deux cent vingt montées de trois minutes quarante huit secondes .
Il y a / il y avait .
Choisir un point de vue et le quitter dès les premiers trajets avec le 124 HDL
124 Hautes Définitions Limitées.
( en cours d’écriture )
Avant la montée , se trouver au départ place de La République , quitter la place , apercevoir une partie de la façade de la gare , des voies ferrées , du haut d’une église , des rues des maisons des commerces , la facultés de Lettres , une station service , un vieux garage . Ne pas nommer les rues de la ville , jusqu’à la fin du boulevard de Scarpone .
Passer sous le pont ,
immédiatement la montée vers le plateau du Haut du Lièvre , espace boisé , mémoire de la ville d’avant , avant sa butte artificielle , sa carrière de calcaire , ses lièvres , ses premiers habitants .
Derrière la vitre fixer le cadre :
là l’escalier avec ses quatre vingt douze marches , accès direct à l’avenue Raymond Pinchard , là les troncs penchés les ronces emmêlées , ici le tournant avec vue étendue éphémère sur la ville.
Comment dire les choses .
Il est huit heures vingt cinq , le 124 HDL vient d’amorcer la montée , progression lente , hésitante selon la saison . Chaque expérience de montée est différente . A l’intérieur le paysage reste muet , les corps assis ou debouts ont depuis le départ de la place de la République ,
j’ai oublié la fin de la phrase .
Le 124 HDL accélère maintenant au début de l’avenue Raymond Pinchard . Premières habitations , basses d’un côté , de l’autre première barre : le Tilleul Argenté . Maintenant les arbres se font plus rares . A partir de cette entrée dans un vaste espace d’habitations , la perception change marquée par la présence de formes lumineuses que sont les hommes les femmes les enfants , figés dans un mouvement , mouvement gardé dans ma mémoire . L’homme accroupi , l’homme aux bras croisés , la femme debout main contre le front , la femme assise tête inclinée , la femme jambe droite repliée sur le banc , l’enfant en pleurs en roller , l’enfant chargé de sacs , l’enfant en déséquilibre sur le trottoir .
Et les formes lumineuses viennent perturber la routine de la perception quotidienne du Haut du Lièvre , de la perception fragmentée fugitive d’un espace traversé . Des fragments de vie entrecoupés de vide , d’espaces vides . Ici la destruction avant la disparition au nom d’avant , avant quand seuls les lièvres habitaient le plateau . Là – bas la construction rapide de nouvelles habitations façades en bois , il faut se souvenir des arbres . Je me souviens de ces trois là , arbres noirs découpés dans toutes les nuances du ciel . Chaque matin à la descente , mon regard s’est posé là . Un jour entourés de machines , le lendemain disparitions .
Là
Immédiatement dès les premiers deux cent vingt trajets direction LAXOU MOUZON , arrêt OMBELLES , deux cent vingt montées avec vues latérales sur les arbres penchés , cinq tournants , deux avec vue sur la ville d’en bas , deux cent vingt arrivées sur l’avenue , immédiatement mes yeux se sont posés sur d’autres ailleurs , journal livre programme de cinéma articles photocopiés . Des perceptions du monde réel , une échappée .
Immédiatement
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Dans le cadre des vases communicants, j’ai découvert ana nb, son joli blog Le Jardin sauvage et Nancy vi@ bus. Merci à elle.
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